Le sage est-il libre s'il ne peut choisir que d'assentir à ce qui ne dépend pas de lui ?

Selon les stoïciens, il est nécessaire, afin d'être libre, de connaître la nature, dont nous sommes une partie. Cette connaissance nous conduit à consentir à ce qui ne dépend pas de nous. Le désir amène à la colère et à la déception si on ne le maîtrise pas par un travail de nos représentations. Au contraire, prévoir ce que l’on ne peut éviter ni changer permet de s’adapter en usant de la raison. L’attitude stoïcienne ne consiste ni à se résigner, ni à être passif, mais à garantir la possibilité d’une action libre, en concentrant l’attention sur ce qui dépend de nous. L’étendue et le caractère invincible de la liberté apparaît alors.

Il est essentiel de connaître le pouvoir de la liberté intérieure. Elle offre la possibilité de résister à toutes les formes de contraintes et d’oppression.

Pourtant, la liberté telle qu'elle est définie par les stoïciens reste paradoxale, pour nous. D’un côté, nous disposons d’un pouvoir infini de choisir. D’un autre côté, son exercice ne peut consister qu’à consentir à ce qui arrive, à bien user de sa volonté, et à bien agir. Pour les stoïciens, le seul choix qui réalise ma liberté est le choix conforme à la raison, à la norme du bien, à la nature. La liberté dépend de la raison.

Or pour nous, être libre, c’est pouvoir choisir un parti ou bien l’autre. Être libre signifie pouvoir choisir le bien ou le mal, l’assentiment ou le refus. La liberté ne dépend, alors, pas de la raison, mais appartient à la seule volonté.

Le sage peut-il être libre s'il obéit nécessairement au choix de la raison ?